Numérique. La rentabilité des contenus en ligne sur la touche
L’explosion de l’économie numérique, connue également sous le nom de l’économie de la connaissance ou des Nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), présente trois problèmes majeurs d’ordre financier. D’une part, le consommateur − ou l’utilisateur − est de plus en plus convaincu du principe de «la connaissance pour tous», donc de son droit à une gratuité du savoir et, par conséquent, a tendance à rechigner à payer pour l’acquisition de l’information. Et, d’autre part, le créateur du contenu en ligne voit ses droits de propriété et ses droits d’auteur aller à vau-l’eau. Il y a aussi un problème qui se pose au niveau des annonceurs. Ces derniers hésitent à payer leur insertion publicitaire en ligne au tarif catalogue ou tarif affiché du marché. Ils partent du principe qu’«un dollar sur papier, c’est dix fois moins en ligne». D’où la problématique subtile de la rentabilité des contenus en ligne. En revanche, l’horizon n’est pas totalement bouché. L’apparition des smartphones, par exemple, a généré le développement d’un très grand nombre d’applications mobiles. Ces applications sont encadrées par une économie de l’immatériel. Le périmètre de cette économie ne cesse de s’élargir. Elle a même pris dans certains pays développés le relais des activités industrielles traditionnelles comme moteur de croissance. Toujours est-il que la question la plus pressante est celle du passage de la gratuité de l’économie de la connaissance au payant. Et à quelles conditions des modèles économiques payants peuvent-ils résister au réflexe de gratuité? Selon une étude du consultant Ernest & Young, le micro-paiement dans les médias numériques pourrait présenter une stratégie pour stimuler les Business models payants. Le micro-paiement émerge comme une stratégie de monétisation pertinente dans une industrie qui pousse à l’éclatement du contenu et qui permet de maximiser la consommation additionnelle et de minimiser la cannibalisation des revenus existants.
Dans le cadre d’une rencontre-débat organisée à Paris, il y a une dizaine de jours, par le Forum des experts libanais, fondé le 11 janvier 2011 par Nada Chéhab pour promouvoir les compétences d’excellence des Libanais et la croissance de leurs projets d’entreprises dans la Ville Lumière, deux Franco-Libanais, Hadi el-Khoury et Antoine Rizk, tous deux experts en informatique, ont présenté deux logiciels pour l’apprentissage de la langue arabe parlée qu’ils ont créés: Keefak et Abjadiye. La formule du micro-financement a été adoptée et le développement des affaires semble en expansion. Pour l’auteur de Keefak, Hadi el-Khoury, l’abonnement à l’application coûte environ 5 euros. C’est une application mobile qui est susceptible d’être téléchargée sur les plateformes d’Apple, de Google play et de Windows. Depuis le lancement récent de cette application, il y aurait selon l’auteur, 15 000 utilisateurs. La catégorie ciblée initialement était la deuxième génération de Libanais vivant en France. La demande s’est déclinée d’un autre public qui est celui des étrangers vivant au Liban, notamment des journalistes étrangers qui sont sur place pour couvrir les développements au Proche-Orient. Pour l’auteur d’Abjadiye, Antoine Rizk, il s’agit d’un service disponible sur le browser web. Le marketing de rentabilité se base en quelque sorte sur la mode Freemium. L’accès aux cinq premières leçons est gratuit. Ensuite, l’abonnement pour trois mois est de 10 dollars et de 25 dollars pour l’année.
Liliane Mokbel