Christian Cazenove, responsable de la supervision des activités de Trade Finance du groupe Société Générale, professeur associé à la faculté UPEC – AEI-IS et initiateur du rapport pour adopter la loi de la modernisation du commerce international, nous partage sa vision du rôle des banques dans l’écosystème Trade Finance et les nombreuses opportunités qu’offre la digitalisation.
Christian a d’abord rappelé le rôle essentiel des banques, Partenaires privilégiés des entreprises, de toutes tailles et de tous secteurs, qui s’engagent pour le compte et au bénéfice de leurs clients afin de faciliter, en le sécurisant, le commerce international de marchandises et de services.
Il a insisté sur l’efficacité, la robustesse de ces engagements conçus par ICC (Chambre de CommerceInternationale : les crédits documentaires, garanties internationales, lettres de crédit stand-by, etc.) qui permettent aux exportateurs et importateurs de réduire leurs risques de façon très significative et, in fine, de réaliser leurs transactions dans les conditions attendues.
En outre il a souligné « La difficulté de cet écosystème qui, à l’inverse de la plupart des autres activités de la banque, demeure à la fois très complexe et très peu digitalisé : selon ICC, plus de 4 Milliards de documents papiers sont échangés chaque année ; en 2022, seuls 2% des B/L dans le transport en container étaient électroniques ».
« Les banques, et en ce qui me concerne Société Générale, comme tous les acteurs de l’écosystème Trade Finance (entreprises, armateurs, douanes, fintechs, assureurs, etc.), digitalisent tout ce qui peut l’être dans la chaîne de valeurs, à l’aune notamment des besoins identifiés chez nos clients, des possibilités offertes par les nouvelles technologies, ou encore des exigences réglementaires ou légales. L’adhésion à un Trade Finance digital fait aujourd’hui consensus pour tous les acteurs de l’écosystème ».
« Notre conviction, tant chez Société Générale qu’au sein du groupe de travail ICC / Paris-Europlace,est que nous avons désormais atteint un point de non-retour. En phase avec les attentes de nos clients et plus largement de tout l’écosystème, nous travaillons à l’expérimentation pratique de transactions 100% digitales, tant au plan international via des crédits documentaires adossés aux e-UCP600 que domestique par le biais de lettre de change ou billets à ordre au format digital ».
« Les conséquences de la digitalisation du Trade profitent à tous les acteurs de l’écosystème Trade Finance.Pour Société Générale nous retenons en particulier :
- La diminution drastique des coûts et des délais des traitements, très favorables au Besoin en Fonds de Roulement (BFR) des entreprises,
- Une capacité pour nos clients à émettre des lettres de change / billets à ordre en format digital, les accepter, les endosser et élargir aux PME-PMI / ETI l’offre forfaiting qui pourrait ainsi devenir un outil de financement du BFR à part entière
- Des risques plus robustes
- qu’ils soient opérationnels, inclus ceux de conformité (AML-FT) en lien avec une plus grande automatisation des processus et l’intégration dans les traitements des nouvelles technologies dérivées de l’IA (NER, NLP), et de fraude, la digitalisation rendant plus complexe la fabrication et l’usage de faux documents
- ou bien ceux portés par les entreprises, PME – PMI / ETI notamment, du fait d’un meilleur accès à ces instruments de sécurisation des risques,
- Une Meilleure efficacité carbone également, en lien avec la disparition progressive des 4 milliards de documents papiers échangés chaque année, et de leur transport par courrier express aux 4 coins du monde
- Enfin une meilleure attractivité, et donc plus grande capacité à recruter des jeunes talents »
Et notre expert de conclure : « Moins de risques, moins de coûts, c’est un commerce mondial qui progresse plus efficacement ; ce sont des entreprises plus pérennes et un tissu économique plus robuste ».