Culture de la paix. Projet de médiation à Jbeil

La société civile bouge. Elle a besoin de soupapes de sauvetage qu’elle ne trouve pas au sein de l’appareil étatique, plongé dans les labyrinthes d’une vie politique politicienne.
En 2011, une ONG a vu le jour et a pris le nom de la «Troisième Voix pour le Liban» ou «3V». Son but est l’instauration de la culture du dialogue et la diffusion du concept de construction de la paix. Si elle est apolitique et non confessionnelle, cette association a le mérite de se présenter et d’agir comme une matrice ayant ses propres initiatives et projets, d’une part, et appuyant les actions de plusieurs autres entités de la société civile partageant les mêmes valeurs, d’autre part. C’est de là que la 3V tire son innovation: la volonté de conjuguer avec les ONG existantes sur le terrain et de leur tendre la main pour œuvrer ensemble à «la solidarité libanaise et la neutralité civile». L’expression «neutralité civile» a été sciemment choisie en opposition à «la neutralité de l’Etat». Un des projets, sur lequel l’association s’attelle, est celui de la médiation.
Dans le cadre de la mise en place de son projet de Peace building, la 3V, en partenariat avec le Centre professionnel de médiation (CPM) de l’Université Saint-Joseph (USJ), a choisi d’implanter la médiation à Jbeil. Les préparatifs sont en cours dans cette région sélectionnée pour abriter le projet vu son tissu social cosmopolite. «Partant de l’hypothèse que le Liban est en situation de post-conflit (et parfois même toujours en conflit), il s’agit de focaliser nos efforts sur la construction d’une paix durable au sein de la société ou Peace building», souligne Leila Kassatly Rizk, médiatrice à l’USJ et administratrice au sein de la 3V. Responsable à la 3V de la mise en œuvre de ce projet, elle souligne la subtile différence qui existe entre la médiation et l’arbitrage, «Deux notions à ne pas confondre». La médiation est une technique de recherche d’une solution à l’amiable au différend. Contrairement à l’arbitrage, le médiateur n’impose pas la – ou sa – solution aux parties, il les accompagne dans leur propre recherche de la solution. La volonté de la 3V de contribuer à la construction d’une paix durable emprunte le chemin de diffusion de l’esprit de médiation et de prévention des conflits. «Notre action s’articule autour de tout un processus de rapprochement des parties en conflit, ainsi que de la compréhension de la perception d’une situation ou d’un état de faits par l’«Autre», différent mais tellement semblable, appartenant à un milieu culturel, religieux ou social distinct. Les spécificités des divers groupements sociaux n’excluent pas l’existence d’un terrain d’entente entre eux», martèle Mme Rizk. Les outils de la médiation et de la prévention des conflits sont nombreux. Le déblocage des situations passerait à titre indicatif par une reformulation des problématiques, une écoute empathique et bienveillante des personnes et de leurs émotions. «Quand le déclic est amorcé, c’est-à-dire la prise de conscience par les parties est acquise, la compréhension des conceptions et approches de chacun devient plus aisée», souligne Leila Rizk. Il reste à donner au processus de médiation tout l’espace nécessaire à son aboutissement en termes de temps et d’évolution. Dans la perspective de la création d’une dynamique activiste, favorisant l’évolution durable et soutenue du bien-être de la société, le projet de médiation de la 3V et du CPM s’intègre parfaitement dans cet axe et porte en lui des outils pouvant assurer le relais: en coopération avec chacune des municipalités où sera implanté le projet, trois habitants de la région choisis par l’entité publique seront formés par le CPM et représenteront le noyau de la pérennité du Peace building.
Liliane Mokbel
«Un instant d’éveil»
La Journée internationale de la paix est observée chaque année, partout dans le monde, sous l’égide des Nations unies, le 21 septembre. A cette occasion, un appel est lancé aux pères et  mères de famille, aux instituteurs et professeurs, aux élèves et étudiants, aux responsables d’associations, aux ouvriers, salariés et directeurs d’entreprises, commerçants et aux professions libérales, politiciens et chefs de partis, aux prêtres et imams à promouvoir la paix au sein de leur entourage. Une tente 3V sera érigée dans plusieurs villes et municipalités pour accueillir les signatures dans le Livre d’or de la paix au Liban.