L’Association des Banques du Liban (ABL) entame un plan de lobbying à l’étranger pour contrecarrer les effets de la campagne menée épisodiquement, il y a un an, par l’association «Unis contre un Iran nucléaire» (UANI), une organisation du lobby pro-israélien. Cette campagne a affecté à divers degrés la marge des activités financières et bancaires des agents au Liban. Magazine a appris qu’une délégation de l’ABL se rendra du 6 au 15 mars prochain à Washington et New York pour un roadshow focalisé sur les mécanismes mis en œuvre par l’Association afin de se conformer aux instructions de la Réserve fédérale américaine concernant la lutte contre le blanchiment d’argent et le terrorisme, ainsi que les sanctions imposées par les Etats-Unis à l’Iran et à la Syrie. Ce comité de banquiers a été formé il y a près de six mois.
L’ABL a mandaté le bureau d’avocat DLA Piper pour prendre en charge toute éventuelle démarche à caractère légal et mettre au point le calendrier des rencontres des banquiers libanais aux Etats-Unis. Des entretiens sont prévus avec des responsables de la finance internationale, mais surtout avec des sénateurs et des membres de la Chambre des représentants. L’agenda final des rencontres de la délégation n’a pas encore été notifié aux personnes concernées, même si la date de la tournée est définitivement fixée. Le bureau d’avocat DLA Piper est l’un des plus grands cabinets d’avocats au monde, employant près de 4200 personnes. Il a des antennes dans une trentaine de pays. Parmi ses co-partenaires figurent dans le conseil d’administration à l’international Tony Angel et Lee Miller et comme membres honoraires (Emeritus) le sénateur George Mitchell et Frank Burch. Comme l’a si bien expliqué Fouad Nicolas Trad, P.-D.G. de Byblos Bank Europe, lors de son intervention à Paris dans le cadre du Forum des entrepreneurs libanais présidé par Nada Chéhab, «le Liban est un pays dont l’économie est dollarisée. Ce qui fait que les agents économiques locaux ont besoin de la monnaie américaine pour leurs transactions. Par conséquent, les banques libanaises ne sont pas en mesure de se passer de leurs banques correspondantes aux Etats-Unis ni de leurs bureaux de représentation sur ce continent. Aussi doivent-elles être en parfaite conformité avec les instructions en matière financière du Trésor américain». Dans le même contexte, il a souligné qu’en matière de gestion du risque, il s’agit pour les banques libanaises de centraliser la leur, affirmant que «pour le moment, le risque qui taraude les esprits de chaque responsable de banque, devenu quasiment une obsession, est celui d’une éventuelle opération de blanchiment d’argent. Le banquier appréhende les remarques et les sanctions du régulateur». Parallèlement, il s’agit pour les banques libanaises d’appliquer les instructions relatives à la loi de fiscalité se rapportant aux Américains appelée FATCA «d’une manière subtile et intelligente de façon à ne pas battre en brèche l’avantage du secret bancaire en vigueur au Liban».
De toute façon, la démarche étudiée qu’entreprendra l’ABL en mars est d’autant plus nécessaire que la campagne de dénigrement du secteur bancaire libanais est susceptible de reprendre à n’importe quel moment pour mettre la pression sur les agents du secteur et ternir leur réputation.
Les membres de l’Association des banques et le patron de la Banque du Liban (BDL) répètent qu’il n’y a historiquement aucune relation financière entre la Banque centrale iranienne et la Banque du Liban en raison de l’inexistence d’échanges commerciaux nécessitant des lignes de crédit. Ils ont en plus réitéré plus d’une fois qu’ils se conforment à «la légalité internationale». En d’autres termes, aucune banque n’a envie de sacrifier sa raison sociale pour une opération de transfert ou de dépôt qui prêterait à polémique.
Hebdo Magazine -15 Février 2013 – Liliane MOKBEL
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