Quand la souffrance au travail devient un signal d’alerte organisationnel
Conférence organisée par le Forum des Experts Libanais – 16 octobre 2025
Intervenante : Marie Makdessi Peyronnie, psychologue clinicienne et psychothérapeute d’orientation psychanalytique
Spécialiste des dynamiques psychiques au travail et forte d’une longue expérience dans la fonction publique hospitalière, Marie Makdessi Peyronnie a livré une intervention d’une rare profondeur sur les mécanismes invisibles de la souffrance au travail.
Son approche, à la fois clinique et pragmatique, invite à repenser la santé organisationnelle comme un enjeu stratégique de gouvernance.
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1.
Il est temps d’arrêter la politique de l’autruche face à la souffrance au travail
💬 « Il est temps d’arrêter la politique de l’autruche face à la souffrance au travail. »
Marie rappelle avec force que l’inaction face à la détresse psychologique fragilise l’entreprise autant que ses collaborateurs.
Pour elle, la prévention ne commence pas par des protocoles, mais par l’écoute, la reconnaissance du vécu et l’action avant que le mal-être ne devienne structurel.
👉 La santé psychique des équipes n’est pas un luxe : c’est le socle d’une performance durable.
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2.
Les dynamiques inconscientes du collectif : clivage et sentiment de persécution en entreprise
Marie met en lumière deux mécanismes psychiques qui fissurent les organisations :
- Le clivage, qui oppose “bons” et “mauvais” collaborateurs, alimentant rivalités et tensions.
- Le sentiment de persécution, où la pression de la performance se transforme en angoisse d’échec ou en repli.
Ces dynamiques, souvent alimentées par un management peu conscient de leurs effets, désagrègent la confiance et la cohésion d’équipe.
💡 Ce que l’on croit être un conflit interpersonnel est souvent le symptôme d’un malaise collectif.
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3.
Double bind et toute-puissance : les pièges invisibles du dirigeant
Marie aborde deux dérives managériales fréquentes :
- la double contrainte (double bind), ces injonctions contradictoires qui enferment les collaborateurs dans une impasse ;
- le fantasme de toute-puissance, où le dirigeant croit devoir tout contrôler.
Ces postures, loin d’être anodines, épuisent l’intelligence collective et empêchent la confiance de s’installer.
👉 Une organisation ne se pilote pas à la contrainte : elle se construit sur la pensée et la confiance.
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4.
Lire la souffrance au travail : un baromètre de la santé organisationnelle
Pour Marie, la souffrance au travail n’est pas une faiblesse individuelle, mais un indicateur de dysfonctionnement collectif.
Elle identifie plusieurs signaux d’alerte :
- communication altérée,
- infantilisation,
- agressivité retournée contre soi,
- perte de sens, voire démissions en chaîne.
💬 Observer la souffrance, c’est comprendre la santé de l’entreprise.
👉 Le turnover n’est pas un simple chiffre RH, mais souvent le symptôme silencieux d’un malaise institutionnel.
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5.
Retrouver du sens et restaurer la pensée : les voies de sortie de la souffrance au travail
Marie propose trois leviers pour sortir des logiques toxiques :
- la fonction du tiers, qui régule et symbolise la loi commune ;
- la pensée collective, qui transforme l’émotion brute en réflexion constructive ;
- un narcissisme sain, nourri par la reconnaissance et la créativité.
Elle encourage la mise en place de supervisions, intervisions et coachings pour favoriser la régulation émotionnelle et l’analyse des tensions.
💡 Une entreprise qui pense est une entreprise qui se protège.
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6.
L’analyse de la pratique : se recentrer, se questionner, se renouveler
Marie présente l’analyse de la pratique comme un outil de lucidité et de renouvellement professionnel.
En se questionnant sur ses motivations et son rapport au travail, chacun peut retrouver du sens, de la cohérence et de la vitalité mentale.
👉 Réfléchir à ce que l’on fait, c’est déjà prendre soin de soi et de l’organisation.
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7.
Prévenir la toxicité par l’empathie et la fonction du tiers : vers une culture de régulation et d’apprentissage
En conclusion, Marie élargit la réflexion : la prévention commence dès l’école, par l’éducation émotionnelle et la reconnaissance de l’autre.
En s’appuyant sur les travaux de Serge Tisseron, elle rappelle que développer l’empathie, la coopération et la régulation dès le plus jeune âge prépare des adultes capables de gérer les conflits sans violence.
👉 La prévention de la souffrance au travail passe par une culture de régulation, d’écoute et d’apprentissage collectif.
🌿 En conclusion
L’intervention de Marie Makdessi Peyronnie offre une lecture fine, lucide et profondément humaniste de la santé psychologique au travail.
Elle nous rappelle que le travail n’est pas seulement un lieu de production, mais un espace de construction de soi et de l’autre.
Un message en parfaite résonance avec la mission du Forum des Experts Libanais :
favoriser un dialogue entre performance, conscience et humanité.
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